Projet de recueil de tankas de voyage illustré

Tant qu'à vous parler de tanka, autant vous en citer un pour essayer de vous faire ressentir la subtilité.

Je ne t'oublierai pas !
M'avait-elle assuré
En me disant adieu.
Depuis cette nuit-là, seule la lune,
Suivant son cours, est revenue
(Fujiwara no Ariie)

Pour moi, le tanka c'est le raffinement en terme de poésie. Construit en deux parties, un tercet de 5-7-5 syllabes relancé par un distique de 14 pieds ou inversement. Comme son petit frère le haïku, il répond aux mêmes règles, la première partie faisant appel à une image naturelle. La deuxième laissant place à l'expression de sentiments, mais on peut très bien inverser et de toutes manières la règle là non plus n'est pas absolue.

Moins connu et moins répandu que le haïku, le tanka est certes plus difficile d'accès, plus rare peut être parce qu'il n'était autorisé à l'époque qu'à la Cour impériale.

Né de l'observation, du vécu, du ressenti, évoquant des sentiments nobles et forts comme l'amitié, la solitude, la mort, l'amour, le tanka s'accommode aussi très bien avec le voyage et ses « humeurs », et avec cet état très particulier, mélange de mélancolie, de tristesse et de tendresse, et si propice à la rêverie, qu'en portugais du Cap Vert on nomme « saudade ».

Ce qui est intéressant dans le tanka, c'est qu'on peut le partager avec l'autre dans l'écriture, l'un écrit un haïku, l'autre répond par un distique de 14 pieds, et … on peut aussi enchaîner et échanger dans des joutes poétiques, comme des matchs d'improvisation que l'on trouve dans le théâtre, organiser des soirées d'ivresse poétique, utiliser les moyens de communication modernes (mobiles, messageries).

Cet enchaînement de haïkus, de tankas s'appelle le renku. Une autre fois peut être !

Pour le moment, laissez-vous porter, profiter de l'instant, enivrez-vous !